La vie à côté
Titre origine  La vita accanto
Compl. Titre  roman
Auteurs   Veladiano, Mariapia (Auteur)
Pierre-Bon, Catherine (Traducteur)
Edition  Stock : Paris , impr. 2013
Collection   La cosmopolite
Collation   212 p. 1 vol.
Illustration   couv. ill.
Format   20 cm
indice Dewey   803
ISBN   978-2-234-07178-0
Prix   19 EUR
Langue d'édition   français
Langue d'origine   italien
Catégories   Romans
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SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Mediatheque 1110051306514 R VELAdulte / Romans adultesDisponible
Résumé : Une femme laide n'a pas le recul nécessaire pour raconter sa propre histoire. Il lui manque une vision d'ensemble. Une certaine objectivité. Elle la raconte de l'angle où la vie l'a contrainte, par la brèche que la peur et la honte n'ont laissée entrouverte que pour pouvoir respirer, pour ne pas mourir. Une femme laide est incapable d'exprimer ses propres désirs. Elle ne connaît que ceux qu'elle peut se permettre. En toute honnêteté, elle est incapable de dire si elle préférerait une robe moulante rouge carmin, au décolleté de velours, à la robe bleue, parfaitement passe-partout qu'elle porte lorsqu'elle va au théâtre - ce théâtre où elle choisit systématiquement le dernier rang, arrivant à la dernière minute, juste avant que l'on n'éteigne les lumières, et toujours en hiver, pour mieux se cacher sous son chapeau et son écharpe. Elle ne sait pas non plus si cela lui plairait de manger au restaurant, d'aller au stade, d'accomplir le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, de se baigner à la piscine ou au bord de la mer. Le choix qui s'offre à une femme laide est tellement limité qu'il en étouffe le désir. Car il ne s'agit pas seulement de tenir compte de la saison, du temps qu'il fait ou de l'argent, comme pour tant d'autres, il s'agit de vivre en permanence sur la pointe des pieds, en équilibre sur la crête du monde. Je suis laide. Vraiment laide. Je ne suis pas handicapée. Du coup, je ne fais même pas pitié. Chaque pièce du puzzle est à sa place, juste un peu trop à gauche ou un peu trop à droite, plus courte ou plus longue ou plus grande que ce à quoi l'on s'attend. Inutile d'en faire l'inventaire : ça ne rend pas. Pourtant, de temps en temps, quand je veux me faire du mal, je me plante devant la glace et passe quelques-unes de ces pièces en revue : les cheveux noirs et rêches comme ceux de certaines poupées d'autrefois, le gros orteil camus qui a fini par se tordre en virgule avec l'âge, la bouche trop fine qui penche à gauche dans une triste grimace chaque fois que je m'essaie à sourire. Par contre, je suis très sensible aux odeurs. A toutes les odeurs, comme les animaux. Je suis née ainsi. Beau comme un enfant, dit-on. Eh bien, non. Je suis une insulte à mon espèce, à commencer par le genre féminin. Si au moins c'était un homme, murmura un jour ma mère à on ne sait qui, surgissant soudain derrière moi. Elle ne parlait que deux à trois fois la semaine, sans préambule, et jamais à quelqu'un en particulier.